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La poterie artisanale française, l’Art du savoir-faire

La poterie artisanale française, l’Art du savoir-faire

A l’époque du tout, tout de suite, au moindre coût, c’est un acte de foi de pratiquer un Métier d’Art fondé sur le savoir-faire.

Et pourtant ces deux dernières années nous ont cruellement prouvé que notre mode de vie a ses limites et que nous gagnerions à revoir notre méthode de production.

En tant que client, par nos choix de consommation, nous avons tous le pouvoir d’influencer cette méthode.

Choisir de consommer mieux

Acheter une poterie artisanale française, c’est choisir de promouvoir un savoir faire et une passion. Derrière chaque céramique fait main se cache un artisan ou un artiste qui consacre sa vie à créer avec amour chaque pièce comme une œuvre unique. Son souci principal étant de partager son art avec vous.

Le choisir français ne peut que donner un petit coup de pouce à notre économie locale 😉.

Cultiver la patience et savourer le résultat

Photophore en grès rouge

Les délais nécessaires à ce temps de création peuvent parfois faire peur au client pressé. Mais si vous recherchez la qualité et le plaisir du travail bien fait, il faut s’armer de patience. Chaque jour, semaine et parfois mois d’attente, reflètera la minutie et l’engagement d’un savoir-faire. Dites-vous que plus vous attendrez, plus votre céramique sera belle.

L’authenticité d’une œuvre unique

Vous serez séduit par la présentation d’une pièce ou d’une collection proposée à un large public et pourtant chaque poterie artisanale est unique.

J’imagine, esquisse et crée chaque pièce. Je teste, teste encore et recommence de nombreuses fois avant d’arriver à une poterie qui exprimera parfaitement ce que j’ai en tête. Et pourtant chaque céramique aura sa particularité, un petit détail qui la rendra unique.

De là à dire qu’elles ont une âme…

Plumes noires dessinées

La noblesse d’une belle matière

Tasse en grès blanc fait mains

Ici, pas de travail à la chaîne, pas de machine de production ou de matériaux composites. Comme de nombreux artisans céramistes, je travaille des matières nobles telles que le grès blanc de Saint Amand en Puisaye ou le grès rouge de Noron.

Vous découvrirez la rugosité d’un grès noir brut ou le toucher soyeux d’un émail satiné.

De l’Art du savoir-faire à l’Art de la table

Arrive le moment ou chaque client se dit que ses placards sont pleins et qu’il n’a pas besoin d’un nouveau service à café ou d’autres céramiques volumineuses. Besoin, non, mais l’envie… Le plaisir de se renouveler, découvrir, partager.

On parle d’Art de la table. Cela évoque bien la subtilité des choix et des agencements d’une belle table. Chaque évènement est différent, chaque invité unique alors pourquoi ne pas créer une ambiance originale à chaque fois.

Nos goûts évoluent. Nous ressentons tous l’envie de renouveler notre décoration d’intérieur alors étendons ce besoin à nos placards. Trions, donnons, recyclons pour faire de la place et retrouver le plaisir de choisir des objets qui nous plaisent et nous ressemblent.

Service à café couleur rouge

Terre de contrastes

Terre de contrastes

Terre! tel le cri de la vigie découvrant enfin son objectif après de longs mois en mer.

J’ai eu la chance de suivre des études en Design céramique à Olivier de Serres mais un manque de moyens et certainement de maturité m’ont fait glisser doucement dans l’univers pragmatique de la Logistique. Après 20 ans de carrière dans un domaine qui ne m’épanouissait pas vraiment, je me suis réveillée un matin avec le besoin de redonner du sens à ma vie. Et c’est apparu comme une évidence. Je devais renouer avec mon premier amour: la céramique.

Terre! Cette planète magnifique.

Cette terre si riche. J’ai eu le plaisir de la parcourir et de voir une partie de ses trésors. La terre rouge australienne, la majesté des forêts ou les eaux cristallines de Croatie ne sont que quelques exemples. Mes photographies semblent de bien pâles restitutions de ces expériences. Et pourtant, parfois, grâce à l’alchimie d’un moment éphémère, elles permettent de révéler un détail de cette beauté.

parc de la Krka

Terre! Cette matière que j’ai eu tant de plaisir à retrouver.

Remettre les mains dans l’argile. La finesse de la porcelaine, la rugosité d’un grès chamotté. Voir son imagination prendre vie à chaque parcelle de terre ajoutée.
On dit que la terre a de la mémoire, qu’elle retient les gestes du sculpteur pour restituer les plus marquants. Il faut croire qu’elle imprègne également la personne qui la façonne car après tant d’années, le simple contact avec cette matière a réveillé toutes mes sensations.

De contrastes?

La lumière révèle les beautés du monde. L’ombre leur donne de l’intensité.
Je recherche ces contrastes dans mes prises de vues, mes choix de couleurs mais aussi dans le rapprochement de matières très différentes. Le grès non émaillé rêche associé au touché lisse de l’émail. C’est souvent à la rencontre des opposés que les sensations se révèlent plus fortes.

Reflet du soleil lac McKenzie
Il était une fois, la petite tasse du Gloupier…

Il était une fois, la petite tasse du Gloupier…

Pourquoi un temps de création si long?

Mon chéri est connu dans notre cercle d’amis pour raconter l’histoire du Gloupier. C’est une histoire à tiroirs où chaque étape est une aventure en soi que Laurent, en véritable conteur, s’amuse à étoffer d’une version à l’autre. Elle semble interminable et pourtant de nombreuses personnes ont tenu jusqu’au bout, partagées entre impatience et curiosité, captivées par les péripéties du déroulement. Personne ne reste inchangé à une telle expérience.

La céramique pour moi ressemble beaucoup à l’histoire du Gloupier: c’est une aventure longue, un jeu de patience que seuls les passionnés peuvent apprécier à sa juste valeur, avec une chute toujours étonnante.

Je vous raconte ici, avec beaucoup moins de talent que mon chéri, l’histoire de la création de la tasse à expresso de la collection Ramilles pour vous donner un aperçu de cette épopée.

Etape 1: le tournage

Notre protagoniste sort d’un amas sans forme de terre. Façonner les mottes de grès, tourner les tasses une à une aussi régulières que possible. Puis les mettre de côté. Derrière la magie du tournage se cachent entre 15 et 20 minutes de concentration par tasse.

Etape 1 bis: façonnage des anses

Etaler une plaque d’argile, la découper en fines lanières et façonner chaque anse que l’on réservera en attente de la suite. Une dizaine de minutes chaque.

Et là, repos de la terre saturée d’eau, malléable, à la merci de la moindre déformation. Au moins une nuit.

Etape 2: le tournassage

Le lendemain, on repasse sur le tour pour tournasser le dessous de notre tasse. La terre plus solide nous permet de former un bel arrondi et d’aplanir le fond pour assurer la stabilité. Finition 10 minutes par tasse.

Etape 2 bis: le collage des anses

Voici le moment de recouper chaque anse à la bonne longueur, d’essayer l’assemblage, d’ajuster, de centrer et enfin de coller les deux pièces à la barbotine. Notre sujet prend forme. Environ 15 minutes par pièce.

Laissons notre petite tasse se reposer la nuit pour consolider l’ensemble afin de pouvoir la manipuler.

Etape 3: la finition des anses

Sur ce modèle, les arrêtes des anses sont adoucies. Je les découpe puis les arrondis. Et hop 10 minutes supplémentaires.

Etape 4: l’engobe

Le fond coloré est créé par un balayage au pinceau d’une engobe céladon: un petit 5 minutes. Mais pour obtenir une couleur intense, il faut 2 ou 3 couches suivant les couleurs.

Etape 5: la gravure

Juste après la dépose de l’engobe, je travaille sur la gravure. Tout en gardant l’esprit de la collection, j’incise chaque ramille selon l’inspiration. Je les agrémente ensuite du dessin de petites feuilles pour lesquelles je reviens gratter l’intérieur. Une reprise de l’ensemble pour rendre les contours plus nets et le tour est joué: 45 minutes.

Vous me direz: ça y est, la tasse est finie! Une moyenne de 2 heures de travail étalées sur deux jours. Alors pourquoi un délai de plusieurs semaines voire de mois? Parce que nous n’avons parcouru que la moitié du chemin.

Etape 6: le séchage

Avant de mettre notre petite tasse au four pour la première cuisson, elle doit sécher à cœur. Si tout va bien, 3 à 4 jours devraient suffire. Mais c’est bien connu: dans les bonnes histoires il y a toujours des orages , de l’humidité dans l’air. Comptons plutôt une semaine complète.

Et comme notre héroïne n’aime pas être seule, elle doit attendre de la compagnie pour se lancer. Je mets à peu près 3 semaines à produire seule le nombre de pièces nécessaires pour remplir mon four de 100 litres. Ouh là là! On arrive déjà à 3 ou 4 semaines.

Etape 7: la première cuisson

On l’appelle la cuisson du dégourdi. Elle permet d’extraire toute l’humidité de l’argile et de réagencer ses petites plaquettes pour la rendre solide. Une dizaine d’heures pour atteindre la bonne température à la bonne vitesse. Tout en douceur pour éviter les fentes ou la casse. Et encore 24 heures de refroidissement pour pouvoir ouvrir le four sans choc thermique.

Après tous ces changements, une nuit de repos bien méritée pour revenir à la température ambiante.

Etape 8: l’émaillage

Pour notre tasse Ramilles, tout le décor est réalisé en amont de la première cuisson. Cette étape servira à déposer une fine couche d’émail à l’intérieur et à l’extérieur du corps pour l’imperméabiliser. Un petit bain, un nettoyage minutieux du fond et de l’anse qui doivent rester en terre brute et elle sera prête pour briller de mille feux. Je passe souvent la journée pour émailler l’ensemble d’un four. Ramenons à une quinzaine de minutes pour notre pièce.

Et une nuit de plus à patienter pour que l’humidité de l’émail s’évapore avant le deuxième passage au four.

Etape 9: la deuxième cuisson

Elle permet d’achever la cuisson de l’argile en provoquant le grèsage et bien sûr de cuire l’émail qui devient dans notre histoire lisse et transparent. De nouveau 10 heures de cuisson et 24h de refroidissement.

Etape 10: l’ouverture du four

C’est le moment crucial, le dénouement de notre histoire. Retenons notre souffle pour découvrir si notre petit tas de terre s’est confirmé être une tasse élégante et brillante ou si suite à un mauvais sort, elle ressortira difforme, fendue ou opaque…

Et voilà! Si vous avez tout suivi, notre petite tasse a besoin de presque 2h30 de travail et de plus d’un mois pour se métamorphoser. Et comme je ne suis pas encore complètement au point, je dois en faire plusieurs pour être sûre d’en avoir quelques-unes de semblables à la fin car chaque étape rescelle ses pièges.

Mon chéri ne tient pas un mois sur l’histoire du Gloupier, mais 2h30… c’est déjà arrivé!

L’Indonésie: le pays qui m’a réconciliée avec les couleurs.

L’Indonésie: le pays qui m’a réconciliée avec les couleurs.

Que ce soit durant mes études d’arts appliqués ou dans mon quotidien depuis (comme refaire la décoration d’une pièce par exemple), on m’a appris à choisir consciencieusement les couleurs utilisées. Palettes, nuanciers et cercle chromatique m’ont accompagnée tout au long de ma vie artistique. Je me mettais la pression pour éviter les fautes de goûts. Et je suis allée en Indonésie…. C’était une explosion de couleurs!

Peinture sur marionnettes théätre d'ombres
Dans leur art ancestral,
Dans leurs religions,
Dans leur environnement.

J’étais entourée de couleurs criardes explorant le spectre dans son ensemble et j’ai trouvé cela magnifique. La preuve que tout est possible et affaire de goûts. Désormais je l’assume, j’aime les couleurs, et je me fais plaisir en les associant suivant mon envie. N’hésitez pas à jeter un coup d’œil au thème couleurs d’Indonésie.